mercredi 20 décembre 2023

Il y a 10 ans : un boulevard urbain permettait enfin de désenclaver le cœur de l’agglomération vichyssoise

Le 20 décembre 2013, un premier tronçon d’une nouvelle voie venait d’être inauguré à la frontière entre Vichy et Cusset (avec le prolongement d’une rue existante). Cette voie, s’apparentant à un boulevard urbain (localement appelé « boulevard Est »), marque une étape importante dans le désenclavement de l’agglomération vichyssoise, attendu depuis des dizaines d’années.

Début de rédaction le 19 décembre 2023. Publication le 20 décembre ; mise à jour le 21 décembre.

Boulevard urbain vers le nord angle 8 Mai 1945 130727
Entre Vichy (à gauche) et Cusset (à droite), 27 juillet 2013. Un an plus tôt, cette voie n’existait pas et était encore un vaste espace en herbe : a rue de Vendée (qui existe toujours) est devenue une voie en impasse, tandis que, côté Cusset, l’avenue de la Libération est devenue l’espace partagé piétons/cyclistes. Ce boulevard, qui marque la frontière entre les deux communes, et qui s’arrêtait à l’époque à hauteur de l’avenue de Vichy (D 2209), marque une étape importante dans le désenclavement de l’agglomération vichyssoise.
Tabl-trai, CC BY-SA 3.0, via Wikimedia Commons

Historique d’un projet qui a mis près de cinquante ans à voir le jour

Depuis les premiers projets de désenclavement, il aura fallu attendre quarante ans (!) pour que le cœur de l’agglomération de Vichy ait une desserte décente. Le premier schéma directeur routier, du 28 septembre 1973, prévoyait une pénétrante entre Vichy et Cusset. Et dans le même temps, des projets de l’autoroute Paris – Clermont-Ferrand comportaient des variantes passant au plus près de Nevers, Moulins et Vichy… mais l’autoroute passera finalement au plus près de Montluçon et Gannat.

Il faudra attendre les années 2000 pour que se dessinent quatre grands axes : une autoroute, deux contournements et un boulevard urbain.

À l’époque, fin 2013 :

  • les travaux du prolongement de l’autoroute A 719 étaient en cours (14 km), avec une livraison prévue début 2015. L’autoroute débouche sur un carrefour giratoire récemment aménagé sur les D 2209 (Gannat – Vichy) et 215 (Espinasse-Vozelle) ;
  • ceux du contournement sud-ouest (18 km, partenariat public-privé avec le département de l’Allier) étaient suspendus depuis plus d’un an et demi en raison de manquements au niveau environnemental. La livraison, annoncée en 2011 puis 2014, a finalement lieu début 2016 ;
  • le contournement nord-ouest (6,5 km de voie nouvelle), encore à l’état de projet, qui permet de désaturer les D 2209 dans la traversée de Bellerive-sur-Allier (Champ-Roubeau) et 6 (Charmeil). En phase d’enquête publique, le projet va (à la date de publication de cet article) prochainement être déclaré d’utilité publique, avec une mise en service prévue après 2025 si le projet se réalise ;
  • un boulevard urbain pour améliorer la desserte interne de l’agglomération, porté par Vichy Val d’Allier (en plusieurs étapes).

Un boulevard urbain construit en quatre temps à la frontière entre Vichy et Cusset

Mis en service en quatre étapes de 2013 à 2022, le boulevard permet une meilleure desserte interne de l’agglomération : hôpital, lycées publics, zone commerciale des Graves, puis Creuzier-le-Vieux et les quartiers sud de Vichy.

La construction, l’aménagement, l’entretien et la gestion de cet axe sont à la charge de la communauté d’agglomération Vichy Val d’Allier (pour la première tranche, puis la deuxième en 2016) puis Vichy Communauté à partir de 2017 (suite de la deuxième tranche, puis troisième tranche Nord et sud).

Plusieurs millions d’euros ont été investis pour que le territoire dispose enfin d'une desserte digne de ce nom (en plus de l'autoroute et des contournements).

Tranche 1 : 1,7 km de nouvelle voie pour mieux desservir l’hôpital et les lycées publics

Les travaux du boulevard urbain commencent dès la rentrée 2012 avec une modification du tracé de la D 2209 à la limite entre Vichy et Cusset. Une nouvelle route se dessine entre la rue de Vendée et une voie d'accès interdite à toute circulation, près du lycée Albert-Londres, côté filières professionnelles. Les plans du chantier, présentés à l'époque en 2010[a], prévoient la suppression du carrefour giratoire avec le boulevard du 8-Mai-1945[b] pour le transformer en carrefour à feux.

Au-delà, vers la rue de Vendée, une nouvelle route est tracée en direction de l’hôpital, tandis que la rue de Bordeaux est prolongée. L’objectif est de rediriger la circulation vers le nouveau boulevard urbain au lieu du boulevard Denière, lequel passe à sens unique avec un sens sud-nord réservé aux bus et à eux seuls, trois jours après la mise en service de la nouvelle voie.

La première partie de ce boulevard est inaugurée à la circulation le 20 décembre 2013. Lors de l’inauguration, cette nouvelle voie était « fondamentale » pour Claude Malhuret, maire (UMP) de Vichy, une « nécessité » pour Pascale Semet, maire (PCF) de Cusset et « un maillon extrêmement structurant » dans l’agglomération, pour Jean-Michel Guerre, son président (PS)[1].

Un boulevard nommé… avenue, les propositions de personnalités récemment décédées (locales ou mondialement connues) écartées

La route n’a de boulevard que le nom du projet, puisque les municipalités de Vichy et de Cusset ont choisi de l’appeler… avenue. Plusieurs propositions de noms ont filtré mais ont été rejetées, car affectées à une autre structure. Les personnalités (locales ou mondialement connues) ont été écartées. La Montagne cite notamment :

  • l’hommage aux 80 parlementaires, car la ville de Bellerive-sur-Allier a inauguré un square en présence de Claude Bartolone, président de l’Assemblée nationale, le 10 juillet 2013 ;
  • René Bardet (1936-2013), maire (PCF) de Cusset décédé en cours de mandat et président de la communauté d’agglomération Vichy Val d’Allier de 2001 à 2008, mais ce nom a été donné au pôle d’activités tertiaires en mai 2013 ;
  • Stéphane Hessel (1917-2013), diplomate français d’origine allemande ; Albert Jacquard (1925-2013), généticien français ; et Nelson Mandela (1918-2013), ancien président de la République d’Afrique du Sud, trois propositions évoquées en conseil communautaire de Vichy Val d’Allier mais rejetées par les deux communes qui ne souhaitaient pas donner de noms de personnalités à leurs nouvelles rues[c] ;
  • l’avenue de la Libération[d], proposition de Cusset arrivée après celle de Vichy (qui n’avait pas de rue de la Libération), retenue : avenue de la Liberté, d’autant plus que la signalisation avait déjà été commandée[2].

En pratique : un nouvel axe victime de son succès

Le boulevard urbain est censé améliorer la circulation entre Vichy et Cusset, mais les embouteillages persistent surtout aux heures de pointe. La circulation est régulée par des feux, plus pratiques à cet endroit qu’un carrefour giratoire[e]. L’intersection entre les rues de Bordeaux prolongée, de Bourgogne (côté Vichy), de l’avenue de la Liberté et du boulevard du 8-Mai-1945 (côté Cusset) est à branches multiples.

Niveau signalisation, on regrette le non-respect des recommandations concernant l’ordre des mentions. Thiers et Le Puy sont toujours indiqués dans cet ordre, tout comme Abrest et Saint-Yorre. Seule bonne nouvelle, Abrest est de mieux en mieux signalée, même si ce n’est toujours pas le cas au-delà du projet. La route passant à cheval sur les deux communes, il n’y a pas toujours de panneau indiquant le passage de Vichy à Cusset et inversement.

L’aménagement est systématiquement doublé par une piste cyclable, signalée avec des panneaux B22a : la piste cyclable est donc obligatoire, tout comme celle de l’avenue du Général-Leclerc (D 259, Cusset), alors que celle du boulevard du 8-Mai-1945, aménagée en 2009 et 2010, est conseillée et réservée aux cycles, et signalée par un panneau C113.

Piste cyclable longeant l'avenue de la Liberté (Cusset) - Angle avec la piste cyclable longeant le lycée Albert-Londres 2022-04-02
Avenue de la Liberté (côté Cusset), juste après l’intersection avec la piste cyclable du boulevard du 8-Mai-1945, 2 avril 2022. Tout le long du linéaire, une piste cyclable est créée.
Tabl-trai, CC BY-SA 4.0, via Wikimedia Commons
Boulevard urbain - CLP au croisement avec la rue de Châteaudun (Vichy) 2022-06-18
Avenue de la Liberté au croisement avec la rue de Châteaudun (sur le territoire communal de Vichy), 18 juin 2022. À chaque croisement avec une rue, les régimes de priorité ont été modifiés en conséquence, avec des panneaux STOP. Les cyclistes doivent, eux, céder le passage. Mais les marquages au sol sont souvent absents et seuls ceux pour piétons assurent la continuité du linéaire.
Tabl-trai, CC BY-SA 4.0, via Wikimedia Commons

En revanche, aux carrefours à feux, la traversée n’est possible qu’en fonction du feu piétons. Les cyclistes doivent, en plus de céder le passage (on retrouve parfois des signaux… à gauche), s’engagent lorsque le feu est vert. On créait même des aberrations en forçant l’emprunt du boulevard urbain au lieu du boulevard Denière, qui était direct.

Pour la deuxième tranche, qui était le prolongement au nord de l’avenue de Vichy jusqu’à la zone commerciale des Graves, on prévoyait une ouverture en 2020… cela sera fait trois ans plus tôt, plus précisément le 16 juin 2017. Le boulevard connaîtra un troisième prolongement jusqu’à Creuzier-le-Vieux en 2021 (en croisant la route de Charmeil (D 27) par un carrefour giratoire), puis jusqu’au quartier des Garets en 2022 (avec une rénovation de la rue des Iris en 2021 et de l’avenue de Gérardmer — devenue depuis avenue du Colonel-Arnaud-Beltrame — en 2023), et bientôt la partie haute de la rue du Vernet, avec une continuité cyclable du nord au sud, entre Creuzier-le-Vieux et la côte Saint-Amand (dont on verra l’aménagement final début 2024).

En revanche, pour les imageries aériennes et la cartographie des nouvelles voies, il a parfois fallu attendre plusieurs semaines, voire des années. Et sur les cartes, cela a été difficile à mettre en œuvre (à suivre en détails dans un article à venir le mois prochain). Si, sur Google Maps, il n’a pas fallu attendre longtemps (moins d’un mois plus tard, une image d’août 2013 était déjà disponible), sur OpenStreetMap, il a fallu attendre… l’été 2017 (!) pour fiabiliser les relevés terrain (effectués alors sans GPS) alors que la deuxième tranche était déjà ouverte…

Ressources

ainsi que des documents rédigés en 2013 sur le boulevard ou les routes le croisant :


  1. Le carrefour giratoire entre la rue de Vendée, la rue de Bourgogne et le boulevard du 8-Mai-1945 avait été rénové en même temps que ce dernier axe cité en 2010, à l’occasion de la rénovation des abords de la cité scolaire Albert-Londres.
  2. Il existait, à l’extrémité nord du projet, une maison du projet, bâtiment aujourd’hui disparu à la suite du prolongement du boulevard, livré en juin 2017.
  3. La ville de Vichy baptisera au nom du colonel Arnaud Beltrame l’avenue de Gérardmer en 2021 ; de Jacques Chirac le pont Aristide-Briand ou pont de Bellerive en 2022 (avec effet au 26 avril 2023) ; et prochainement, au nom de Samuel Paty le nom de la rue Neuve.
  4. Jusqu’à début 2013, il s’agissait d’une voie réservée aux bus desservant le lycée professionnel Albert-Londres, dont l’utilité a été réduite à la suite de la création de la halte routière située juste après l’entrée principale du lycée Albert-Londres (filières générales et technologiques), en 2009. Voilà à quoi ressemblait le boulevard le 10 juin 2011 (photo Wikimedia Commons, licence CC-BY-SA 3.0).
  5. Situation inverse lors de la deuxième phase en 2017, où l’intersection entre : le boulevard d’Alsace-Lorraine au nord, l’avenue Gilbert-Roux à l’est, l’avenue de la Liberté au sud et la rue des Bartins à l’ouest (le boulevard des Graves a été mis en impasse avec sens uniques), qui était un carrefour à feux, est devenu un carrefour giratoire.
  1. « L’avenue de La Liberté (boulevard urbain) a été inaugurée », La Montagne, 20 décembre 2013 (consulté le 19 décembre 2023).
  2. Laurent Bernard, « Comment les maires de Vichy et de Cusset sont arrivés à Liberté », La Montagne, 20 décembre 2013 (consulté le 19 décembre 2023).

jeudi 14 décembre 2023

Il y a 10 ans… le tramway de Clermont-Ferrand est prolongé aux Vergnes

Il y a dix ans, le 14 décembre 2013, la ligne A du tramway de Clermont-Ferrand était prolongée de Champratel aux Vergnes, avec trois stations supplémentaires dans des quartiers en développement.

L’avant-veille, le 12 décembre 2013, je profitais d’une absence ou d’un report de cours[a] à la faculté pour profiter des derniers instants du tramway qui effectuait son terminus à la station Champratel, au nord de Clermont-Ferrand. Je le prenais depuis la station Universités[b] jusqu’au terminus.

Translohr STE4 n°02 T2C Stade Gabriel Montpied
Une rame de tramway approchant de la station Stade Gabriel Montpied, le 21 février 2015.
Florian Fèvre (Mobilys), CC BY-SA 4.0, via Wikimedia Commons

Entre-temps, il y a eu un vendredi 13, et le lendemain, la mise en service du prolongement aux Vergnes.

Le prolongement aux Vergnes correspond au parcours actuel de la ligne de tramway

Évolutions du parcours

La ligne de tramway de l’agglomération clermontoise est mise en service le 13 novembre 2006, d’abord entre les stations Champratel et le CHU Gabriel Montpied. Elle dessert notamment les quartiers Croix de Neyrat, Les Vignes, Les Pistes, le musée d'art Roger Quilliot, le stade Marcel Michelin, la place du 1er-Mai, les Carmes (en passant à proximité du siège de Michelin au lieu de la gare SNCF), la place Delille, Jaude, la maison de la Culture, les facultés de droit et de lettres (station Universités), jusqu'au quartier Saint-Jacques à hauteur du CHU Gabriel Montpied.

Cela s’accompagne, trois semaines plus tard (le 4 décembre 2006), par la refonte totale du reseau de bus T2C, avec la ligne B (1er Mai ↔ Royat Place Allard) et un nouveau système de numérotation des lignes, en particulier les lignes 2x qui sont des lignes de rabattement assurant une correspondance avec le tramway.

Le 27 août 2007, la ligne A est prolongée à La Pardieu Gare et dessert désormais le campus des Cézeaux et le lycée Lafayette. En conséquence la ligne 22 qui allait jusqu'au CHU Gabriel Montpied voit son tracé réduit au lycée Lafayette.

A chaque prolongement, une adaptation du réseau de bus

Chaque prolongement de la ligne de tramway conduit, dans les jours qui suivent, à une modification du réseau de bus.

On se souvient que, à la suite de la mise en service du tramway en 2006, le réseau avait été complètement modifié, et l’année suivante, les lignes périurbaines avaient été intégrées dans le réseau (pour Châteaugay, Sayat, Le Cendre, Lempdes et Pont-du-Château).

Le nouveau réseau de bus T2C est modifié le 12 janvier 2014 avec les modifications suivantes :

  • transformation de la ligne 6 en ligne C, avec des bus Irisbus Crealis Néo (à haut niveau de service comme sur la ligne B, ces bus remplaçant les Agora L, aujourd’hui tous retirés du service). Cette ligne voit aussi son parcours modifié, se terminant à l'arrêt Tamaris (rue Canrobert, à Clermont-Ferrand) et ne dessert donc plus Durtol, dont la desserte a été récupérée par la ligne 10 (et par la ligne 5 les dimanches et jours fériés impliquant donc une correspondance à Chamalières) ;
  • modification des lignes 3 (qui ne va plus à Cébazat au profit de la ligne 21 modifiée), 5 (qui récupère, les dimanches et jours fériés, la desserte de Durtol), 10 (qui récupère la desserte de Durtol) et 21 (abandon du service de soirée entre La Plaine et le musée d’art Roger Quilliot ;
  • création de la ligne 24 reliant Champratel à Blanzat via Cébazat.

Voir le tracé sur OpenStreetMap

Pour l’anecdote, le prolongement de la ligne de tramway n’est toujours pas présent sur Google Maps… J’ai informé le forum Google Maps pour discuter des potentialités de modification de la carte, mais rien n’y a fait. Actuellement, les stations sont présentes, mais pas les voies.

Un autre 14 décembre, une paralysie qui a beau toucher toute l’Auvergne (Clermont-Ferrand, Le Puy-en-Velay… mais pas Vichy)

Il y a 15 ans, le 14 décembre 2008, un important épisode neigeux paralysait la ville de Clermont-Ferrand, dont le tramway. Le site Infoclimat relevait 60 cm de neige à Mende, 30 cm au Puy-en-Velay, 13 cm à Aurillac et 10 cm à Clermont-Ferrand ; mais rien à Vichy ou Moulins, alors que Météo-France avait placé tous les départements auvergnats en vigilance orange, dont l’Allier… pour rien finalement.

Je me retrouvais dans l’impossibilité de rejoindre mon lycée en autocar, car même si dans l’Allier les transports scolaires n’étaient pas suspendus, il en était tout autre dans le Puy-de-Dôme. Et je montais dans un autocar qui dépendait d’une société de transport basée dans le Puy-de-Dôme, qui n’a donc pu assurer son service.

Et au même moment, le Clermont-Paris à 200 km/h. Ce jour-là était marqué par une révolution dans le chemin de fer : les premières circulations commerciales à 200 km/h entre Paris et Clermont-Ferrand, permises par des améliorations de la voie et des passages à niveau supprimés entre Saincaize et Saint-Germain-des-Fossés, qui ne profitent pas aux TER mais aux trains Corail Téoz, avec un temps de parcours réduit à moins de trois heures (2 h 59 pour être précis) pour le train direct.


  1. UE 34 Paysages 
  2. La station Universités était à quelques centaines de mètres de la faculté de lettres de l'université Blaise-Pascal (mais plus proche de la faculté de droit de l'université d'Auvergne).