samedi 20 novembre 2021

Boulevard du Général-de-Gaulle (Cusset) : 20 à l’heure, pour qui ? (Série Ratés d’aménagements, épisode 1)

Le 20 mai 2016, la ville de Cusset ouvrait à la circulation le boulevard du Général-de-Gaulle rénové. Désormais, cet axe ne sert plus qu’à entrer dans le centre-ville, et désormais à petite vitesse. La place des cyclistes devrait normalement être accrue, tout comme celle des bus qui ont leur propre voie réservée, mais l’aménagement réservera beaucoup de surprises… mais aussi des incompréhensions en matière de signalisation.

Série : Ratés, incompréhensions et catastrophes d’aménagements dans l’agglomération de Vichy – Épisode 1

Cusset, ville mitoyenne de Vichy, peuplée de plus de 13 000 habitants et, à l’époque, quatrième ville du département de l’Allier en nombre d’habitants et deuxième de la communauté d’agglomération[1], dispose d’un centre-ville assez particulier. L’idée d’une rénovation d’un axe d’entrée du centre-ville remonte à un peu moins de dix ans.

En 2012 (la ville était alors dirigée par un maire communiste), on annonçait sur les forums que Cusset aura enfin une voie de bus. Inimaginable alors que ce type de voie réservée n’était plus en vogue, surtout depuis la disparition de celle qui était présente à la fin de la rue de Paris, à Vichy, en raison de sa rénovation. Mais cette voie réservée, elle aura sa place sur un axe de desserte du centre-ville : le boulevard du Général-de-Gaulle. Mais à l’époque, on se contente seulement de rénover la chaussée.

2016 : un nouveau visage pour le boulevard

Une route conservant peu ou prou les mêmes caractéristiques, désormais praticable dans un seul sens pour tous…

Début 2016, la ville décide de transformer le boulevard en rendant accessible un seul sens de circulation.

Boulevard du Général de Gaulle (Cusset) rénové (ouest a) 2016-05-21
Boulevard du Général de Gaulle (Cusset), 21 mai 2016. La veille, la ville a rouvert la rue rénovée à la circulation avec une chaussée, un trottoir et un éclairage public rénovés. Mais niveau signalisation, ce sera du n’importe quoi.
Tabl-trai, CC BY-SA 4.0, via Wikimedia Commons

Les deux sens de circulation auront des chaussées différentes. Le sens ouest-est (celui qui restera praticable pour tous les véhicules), aura un revêtement classique, en bitume. Le sens inverse aura quant à lui un revêtement en béton, avec des « marquages au sol » avec des figurines bus et vélos.

Dès l’entrée de la rue, un panneau zone de rencontre indique que l’on doit traverser le boulevard à une vitesse maximale de 20 km/h. Pourtant, ce n’est pas la première fois qu’une zone de rencontre est créée dans le centre de Cusset. Déjà, dès 2012, quelques rues du centre-ville, telles que la rue de la Constitution ou la rue Pasteur, sont classées en zone de rencontre, mais sans aucun aménagement pour les cyclistes. Et, pire, le périmètre est mal annoncé, mal signalé. À combien doit-on rouler sur la place Victor-Hugo si l’on vient de la rue du 29-Juillet ? 20 km/h ? Ou bien 50 km/h ? Plus de détails dans un épisode ultérieur.

La chaussée, longue de 200 mètres (la portion au-delà vers la place Victor-Hugo n’est pas concernée par le réaménagement), comprend un ralentisseur de 42 mètres de long, mais qui n’est signalé par aucun panneau, car dans les zones de rencontre, la signalisation est facultative[2].

Le stationnement reste possible côté sud de la rue, numéros impairs.

Dix mâts d’éclairage public sont implantés sur la rue, dont un sur la rue des Fossés-de-la-Tour-Prisonnière. Leur particularité : la technologie LED, qui sera progressivement déployée sur l’ensemble de la commune (sauf à de rares exceptions), et qui remplace les anciennes têtes plus énergivores.

Côté signalisation, les panneaux ont un dos de couleur marron en harmonisation avec les mâts d’éclairage public. Mais uniquement ceux qui ont été prévus avec le réaménagement…

…mais avec une signalisation incohérente, incompréhensible et fuyante

Mais on s’attend toujours au pire. Et on ne s’attendait pas à cela :

Boulevard du Général de Gaulle, 19 février 2017. Ce bus de la ligne A vient de quitter le terminus de Cusset Centre. Il emprunte une voie qui lui est réservée, mais la signalisation en place semble plus concerner les cyclistes que les autres véhicules autorisés (bus et livraisons).
Photographie personnelle

À la sortie de l’avenue du Drapeau et de l’hypercentre-ville, la ville s’est juste contentée de puiser dans la réserve de panneaux existants pour y implanter quatre panneaux qui ne sont ni du même fabricant ni de la même couleur de fond assortie, et avec un revêtement rétroréfléchissant de classe 1 en plus, et placés trop en hauteur. Des panneaux indiquent l’interdiction d’accès aux véhicules pour rejoindre la rue de la République et l’avenue de Vichy (D 2209), sauf pour les bus et les livraisons.

Mais le pire, c’est que cet ensemble de panneaux n’est pas reporté à l’intersection suivante, après la rue Basse du Ruisseau. Seul un panneau de piste ou bande cyclable conseillée et réservée aux cycles (C113) est présent. Dans l’autre sens, un panneau de type C24a avec le symbole d’un vélo (et avec un revêtement rétroréfléchissant de classe 1) est utilisé, alors qu’il aurait fallu utiliser un panneau C24a avec le symbole d’un bus (il pourrait y avoir une version avec les deux symboles, c’est possible mais réglementaire ?)

Au débouché de la rue des Fossés-de-la-Tour-Prisonnière, un panneau d’obligation de tourner à droite est implanté, à croire que les cyclistes n’ont pas le droit de prendre le boulevard à contre-sens. Au débouché des rues Basse du Ruisseau, Percée et René-Thonier, ce sont des panneaux d’interdiction de tourner qui sont implantés pour la même peine. À croire, donc, que le double-sens cyclable est possible uniquement si l’on vient du rond-point (qui sera rénové en 2018) mais pas des autres axes.

Une zone de rencontre sur ce seul axe, pas du tout respecté ! J’ai constaté que personne ne respectait la limitation de vitesse en vigueur : c’est 20 km/h, pas plus. Mais personne, pas même les bus des lignes A et E, ne semble la respecter. On aurait préféré une zone 30, mais étendue au-delà du seul axe principal (comme à Vichy). Des rues étroites ne permettant pas de rouler à plus de 20 km/h sont pourtant théoriquement limitées à 50 km/h…

Les arrêts de bus complètement ignorés ! Sur ce boulevard, il existe deux quais de bus qui devaient théoriquement être réaménagés en vue de leur accessibilité aux personnes à mobilité réduite, conformément à la loi du 11 février 2005 (et aux textes ultérieurs qui en découleront). Il s’agit des arrêts de bus Charles de Gaulle Europe, qui sont desservis par les lignes A (Cusset Centre ↔ Collège Jules-Ferry) et E (Cusset ↔ CREPS, puis Les Ailes depuis la rentrée 2018), placés au début du boulevard dans le sens entrant (rue de la République → centre-ville) et à hauteur de l’EHPAD dans le sens sortant. Si pour le premier on a pu rétablir l’arrêt, mais sans marquage au sol ni surélévation, pour l’autre, rien n’a été aménagé ! À croire que rien n’a été prévu ou que l’arrêt allait être supprimé, sans parler de l’arrêt de bus situé à côté qui n’est pas prévu pour la ligne A si ce n’est un demi-tour via le cours Tracy (D 906B) et l’avenue du Drapeau… et ces arrêts sont toujours présents sur le site du réseau MobiVie et considérés comme étant desservis.

Un aménagement complété par un deuxième plan de circulation

Outre le réaménagement de cet axe, la ville en a profité pour modifier (à nouveau…) le plan de circulation autour du centre-ville.

Pour rappel : fin 2011, la ville avait instauré un plan de circulation constitué de sens uniques, de priorités modifiées et mêmes d’aménagements cyclables créés (voir dans un épisode ultérieur). Mais le 20 mai 2016, voici ce qui a été modifié[3] :

  • inversion du sens de circulation de trois rues :
    • la rue Carnot (qui devient une sortie du centre-ville),
    • la rue Henri-Cureyras (D 2209) qui devient une entrée, pour être dirigés vers Vichy plutôt que le centre-ville,
    • la rue Jean-Baptiste-Bru (D 186) qui devient une sortie ;
  • modification du régime de priorité à hauteur du Pont de la Mère en venant de la rue de Doyat (D 126) avec un stop ;
  • modification du stop en cédez le passage entre la rue de Liège et la rue des Fossés-de-la-Tour-Prisonnière.

La signalisation est adaptée en conséquence, mais cela est aussi une catastrophe. La ville s’est contentée de déplacer des panneaux plutôt que de les changer… avant d’être remplacés par le département en 2017.

Détails dans le bulletin municipal.

En résumé, les plus et les moins de cet aménagement

  • Un aménagement marquant une nouvelle identité de la ville
  • Une signalisation parfois inappropriée en mettant en évidence les cyclistes plutôt que les bus, et ne profitant pas aux autres rues en intersection
  • Beaucoup d’oublis tels que des arrêts de bus non aménagés et complètement ignorés
  • Une politique de limitation de vitesse restreinte au seul axe principal, qui plus est non respectée
  • Et que dire des emplacements pour les vélos ? Rien n’a été prévu…

[1] Communauté d’agglomération de Vichy Val d’Allier à l’époque en 2016.

[2] Dans les zones de rencontre, la signalisation des ralentisseurs est facultative, et il n’y a pas non plus de marquages au sol. Les Instructions interministérielles sur la signalisation routière indiquent la non-obligation de la signalisation dans deux articles :

  • article 72-6 « Aménagements de sécurité » : « Dans les zones 30 ou les zones de rencontre, la signalisation des aménagements de sécurité est facultative. » ;
  • article 118-9 « Marques relatives à des aménagements de sécurité », paragraphe B « Ralentisseurs de type coussins et plateaux » : « Le marquage sur chaussée des coussins et plateaux n’est pas obligatoire lorsque ces aménagements se situent dans une zone 30 [et aussi dans une zone de rencontre] et s’ils sont constitués d’un matériau de couleur différente de la chaussée assurant une bonne perception. » Ici, le revêtement est bien différent (béton vs bitume).

[3] « Donner du sens ! », Cussetmag, no 108, mai-juin 2016, p. 18 (lire en ligne [PDF]).

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