dimanche 30 mars 2025

ZA Graves – Les Gauvins (Cusset) : dernières enseignes, et déjà la fin pour Carrefour

J’ai appris, hier soir, que l’hypermarché Carrefour de Cusset va devoir changer d’enseigne, simplement parce que l’Autorité de la concurrence a estimé que, à la suite du rachat des activités du groupe Louis Delhaize (qui possédait les magasins Cora), il existait un risque anticoncurrentiel, et que cette reprise est conditionnée à des cessions de magasins ou à un transfert en cession de franchise au profit d’enseignes concurrentes. Ce qui signe la fin d’une aventure de 17 ans, marquant à nouveau un bouleversement dans le paysage commercial d’une zone d’activités partie de rien vingt ans plus tôt...

Début de rédaction le 13 mars 2025.

En moins d’un an, une énième évolution du paysage commercial vichyssois

En 2024, reprise et disparition d’une enseigne…

L’année 2024 a été marquée par la disparition de l’enseigne Casino, en proie à d’importantes difficultés financières ; le groupe Casino a été contraint de céder des magasins à des concurrents (Intermarché, Auchan et Carrefour). Dans l’agglomération de Vichy, il existait deux supermarchés Casino : un près du centre-ville de Cusset, devenu Netto (enseigne discount du groupement des Mousquetaires auquel appartient Intermarché) ; quant au deuxième, situé dans le centre-ville de Vichy (à l’angle de la place Charles-de-Gaulle et de la rue de l’Hôtel-des-Postes), il a purement et simplement été fermé en septembre 2024, sans repreneur. En revanche, les magasins de proximité du groupe Casino (Vival, Casino Shop, Monoprix et Franprix) restent ouverts.

Le rachat des hypermarchés Cora par le groupe Carrefour, en juin 2024, marque aussi la fin d’une époque : après quarante ans d’existence[a], Cora est devenu officiellement Carrefour le 19 novembre 2024. Avant cette date, même si la signalétique de Cora persistait, les produits Carrefour commençaient à voir le jour. Les concepts hérités de Cora sont toujours présents : cafétéria et chapiteau temportaire pour les opérations gros volumes.

Dans le même temps, pour ceux qui cherchent à acheter moins cher, un supermarché Lidl a été reconstruit rue des Bartins (axe majeur de desserte de l’agglomération). Il rouvre au public le 8 janvier 2025.

En 2025, nouvelle disparition d’enseigne ?

L’année 2025 sera bouleversée par une autre modification d’envergure. Et cela est simplement la conséquence du rachat de Cora par Carrefour : l’Autorité de la concurrence dit oui, mais à condition de céder certains magasins là où il existe un risque de non-concurrence. Et l’hypermarché de Cusset est concerné, non pas par une cession, mais par un transfert en cession de franchise, impliquant par ailleurs… un changement d’enseigne.

Carrefour, une locomotive d’une zone commerciale aux portes de Cusset

Depuis le rachat des magasins Cora par le groupe Carrefour, le paysage commercial vichyssois est composé de trois hypermarchés de deux enseignes différentes, l’autre étant un E.Leclerc à Bellerive-sur-Allier.

Le groupe Carrefour est bien implanté dans l’agglomération vichyssoise avec, donc, les deux hypermarchés, mais aussi deux supermarchés Carrefour Market (un à Cusset[b] et un autre à Saint-Yorre), ainsi qu’un drive piéton installé rue de Paris (remplaçant l’enseigne Cora en ville et présent depuis 2023).

Cet hypermarché est situé dans la zone d’activités des Graves - Les Gauvins, gérée par la communauté d'agglomération Vichy Communauté[1], et plus communément appelée la zone commerciale des Peupliers en référence à la rue des Peupliers qui dessert une partie de cet espace économique.

Carrefour Cusset
L’hypermarché Carrefour de Cusset, le 19 janvier 2021. Au premier plan, le carrefour giratoire, créé fin 2006 dans le cadre de la création du parking à étage de la grande surface commerciale, a été refait en 2017 avec l’arrivée du boulevard urbain.
Photo : TCY, CC BY 3.0, via Wikimedia Commons

Les commerces de la zone d’activités

Au-delà de Carrefour, la zone d’activités comprend un éventail conséquent de magasins. Nous nous limitons à la partie cussetoise (ou cussétoise, c’est selon) pour établir cette liste.

  • Rue des Peupliers :
    • E.Leclerc Drive (drive grande distribution) [2013],
    • Electro Dépôt (électroménager) [05/2025[2]], Maxi Zoo (articles pour animaux) [ouverture prochaine 2025],
    • Bigmat [11/2021] et Caséo (cuisines) [01/2022],
    • Mondial Pare-Brise (réparation de pare-brise), Cash Express (revente) [2017].
  • Boulevard d’Alsace-Lorraine :
    • SoCoo’c (cuisines) [11/2021], Carlance (produits de beauté) [2024],
    • Le Jardin Céleste (restaurant) [2022], PADD (articles équitation) [08/2022], Elancia (fitness) [08/2023],
    • Altuntas (fruits et légumes). La Pataterie [2013], restaurant, a définitivement fermé ses portes.
  • Avenue Gilbert-Roux, côté nord :
    • Conforama (ameublement, décoration, électroménager) [08/2012 par déménagement], B&M (divers à bas prix) [2021, ex-Babou 2012], Les 3 P’tits Cochons (épicerie) [07/2012],
    • Cuisinella (cuisines),
    • Tollens (peinture). Générale d’Optique (opticien) a définitivement fermé. 
    • MDA (électroménager), Crazy Jump Park (loisirs). Le local occupé de 2020 à 2024 par Hyperburo est encore vacant.
    • Dallois (concessionnaire automobile des marques Citroën, DS Automobiles et Opel) [06/2009]. 
    • But (ameublement, électroménager) [05/2014].
  • Avenue Gilbert-Roux, côté sud :
    • Roc-Eclerc (funéraire).
    • Station-service Carrefour (station-service et location de véhicules) [2008] 
    • Le Kiosque à Pizzas (pizzas à emporter).
    • Rapid Pare-Brise (réparation de pare-brise) [07/2021]
    • Happy Cash (revente d’objets) [11/2020] .
  • Rue des Charmilles :
    • Bleu Libellule (accessoires de beauté).
    • L’Auvergne Boulangerie Brasserie (boulangerie).
    • Cartaplac (service cartes grises). 
    • Carrefour Drive (drive) [2013]
    • Bricomarché (bricolage, matériaux) [04/2008 après déménagement].

Légende : nom de l’enseigne (activité) [date d’ouverture si connue].

Les particularités de ce magasin

Il s’agit du seul parking d’hypermarché à étage ; la création de ce parking a nécessité une légère déviation de la rue des Peupliers avec la création de deux giratoires et d’une nouvelle rue (la rue des Charmilles). Capacité 500 places ; un parking extérieur au sud de la rue des Peupliers est aménagé, mais réservé au personnel de l’hypermarché.

Le magasin compte plus de vingt caisses, dont une réservée aux porteurs de la carte Pass et une caisse prioritaire, ainsi que des caisses rapides.

Carrefour Cusset, ligne de caisses
Intérieur de l’hypermarché Carrefour, le 19 janvier 2021.
TCY, CC BY 3.0, via Wikimedia Commons

La galerie marchande de l’hypermarché comprend : une pharmacie, un distributeur automatique de billets, un commerce spécialisé dans les cigarettes électroniques, un pressing, un magasin de produits de beauté (Beauty Success), un coiffeur (Saint Algue), un opticien (GrandOptical), un bar (La Cervoiserie) ouvert depuis fin 2021 (avec accès extérieur). La Pause Vichyssoise, vendant des plats à emporter, semble avoir cessé son activité.

Avenir de la zone commerciale

Electro Dépôt et Maxi Zoo, les deux dernières enseignes ?

D’après un site spécialisé, l’ouverture du magasin Electro Dépôt de Cusset devrait avoir lieu le 21 mai 2025. Il s’agit d’une ouverture simultanée de trois magasins en France ; celui de Cusset est le plus grand (1 040 m2)[2]. Lors de mon dernier passage le 23 mars, l’enseigne a déjà été montée. En revanche, l’ouverture de Maxi Zoo n’est pas encore connue à ma connaissance. Les deux magasins se partagent un parking de 59 places, dont huit pour véhicules électriques, quatre pour les personnes handicapées et quatre pour les familles.

Ces deux magasins pourraient être les derniers dans cette zone d’activités à vocation industrielle et commerciale. Huit ans après l’arrivée du boulevard urbain, la dernière friche aux portes de Cusset à deux pas de cette nouvelle voie, qui a pour principal objectif le désenclavement interne de l’agglomération, ne sera plus qu’un souvenir. Et dire que vingt ans plus tôt, il y avait un supermarché et sa station-service, un magasin de bricolage et un magasin de vêtements, et quasiment rien d’autre.

Projets abandonnés

En 2018, Lidl projetait de déménager son magasin de la zone commerciale de la rue des Bartins vers celle des Graves, à côté de Carrefour. Mais la commission départementale d’aménagement commercial de l’Allier (CDAC 03) a rejeté, à l’unanimité, ce projet de création de supermarché le 22 juin. Les élus, à commencer par le maire de Cusset, ont opposé un refus catégorique, non seulement à cause de la présence d’une enseigne concurrente, ce qui provoquerait un détournement de clientèle (« limiter l’hypertrophie des zones commerciales en périphérie »), mais aussi d’une mutualisation défaillante des accès et stationnements, d’un mélange de flux de déplacements de la clientèle et des camions de livraison et d’une insuffisance de détails sur les économies liées à l’autoconsommation du bâtiment. Ce projet est à nouveau refusé par la commission nationale d’aménagement commercial le 25 octobre.

Finalement, en 2024, le supermarché Lidl de la rue des Bartins sera détruit et reconsruit sur place, avec aux nouveaux standards de l’enseigne allemande, avec un parking de 86 places et un accès direct depuis la rue, et ouvre le 8 janvier 2025.

Pronostic : quelle enseigne remplacera Carrefour ?

On ne sait pas encore quelle enseigne va remplacer Carrefour, mais l’une d’elles va devoir la remplacer. Et je table sur quatre enseignes, dont l’une peut sortir du lot rapidement, qui constituera la nouvelle locomotive de la zone d’activités des Graves.

Forte probabilité : E.Leclerc. Le leader français de la grande distribution, qui dispose déjà d’un magasin à Bellerive-sur-Allier, peut reprendre son concurrent, d’autant plus qu’un drive est présent dans la zone d’activités depuis… janvier 2013. Or, si Carrefour a déjà un drive accolé à son magasin, il faudrait prendre une décision, mais laquelle ?

Et si Intermarché accentuait sa présence ? Déjà présente dans les années 1980 et 1990[c], elle pourrait faire son retour aux Graves, mais bien sûr sous le format hypermarché, moyennant de lourds travaux pour mettre l’entrée aux standards de l’enseigne. Le groupement des Mousquetaires a déjà une implantation de longue date, Bricomarché, où le bâtiment actuel, situé et accessible par la rue des Charmilles, est présent depuis 2008.

Plus improbable : le retour de U ? Dans les années 2000, jusqu’en 2007, la locomotive de la zone d’activités était un magasin U. D’abord un Super U, c’est à l’époque de cette enseigne que l’on a construit l’hypermarché que l’on connaît aujourd’hui. Le retour de l’enseigne accroîtrait la concurrence et donc le choix.

Et les autres ? Il reste encore Auchan, mais la probablité qu’un magasin Auchan s’implante dans l’agglomération de Vichy est très faible, d’autant plus que l’enseigne nordiste va fermer le magasin situé au nord de Clermont-Ferrand dans un mois et demi, conséquence d’un important plan social.


  1. Cora a remplacé l’enseigne Radar en 1984 ; à l’origine, cette enseigne est principalement implantée dans le nord et l’est de la France, et les implantations hors de cette zone sont plus rares.
  2. Issus de la transformation des magasins Champion en Carrefour Market. Celui de Cusset a été le dernier de province à passer de l’enseigne Champion à Carrefour Market, en raison d’une trop grande proximité avec l’hypermarché.
  3. Des plans des villes de Vichy et de Cusset datés des années 1980 sont encore présents au nord du centre-ville de Vichy, et l’on découvrait que ces magasins n’ouvraient pas en continu en semaine.
  1. « GRAVES - LES GAUVINS », site de Vichy Économie, Vichy Communauté (consulté le 14 mars 2025).
  2. Camille Borderie, « Electro Dépôt poursuit son expansion avec trois ouvertures au 1er semestre 2025 », sur univers-habitat.eu, 26 février 2025 (consulté le 15 mars 2025).

samedi 29 mars 2025

Dans le rétro : 29 mars 2015, les premières élections départementales

Le 29 mars 2015, pour la première fois, les Français étaient appelés aux urnes pour voter à un nouveau type d’élection : les élections départementales. Cette date correspond en fait au second tour des élections, car certains cantons étaient déjà pourvus au premier tour. Outre le fait que cette journée n’a duré que 23 heures[a], elle a cependant marqué un tournant dans le paysage politique français.

Le nom : le « département » est partout, le canton change de sens

Pourquoi « conseil départemental » ou « élections départementales » ?

Avant une loi de mai 2013, les assemblées départementales avaient un autre nom. Le siège du département s’appelait alors conseil général, les représentants des cantons les conseillers généraux.

La loi no 2013-403 du 17 mai 2013 annonce, dans son premier article, le changement de dénomination des assemblées départementales : le conseil général devient le conseil départemental et les conseillers généraux deviennent départementaux.

Ceux-ci sont élus par les citoyens dans le cadre des élections dites départementales, et pour la première fois en binôme de sexe différent (on instaure déjà la parité dans une élection, en l’occurrence les assemblées départementales), pour une durée de six ans. Cela signifie que, théoriquement, les prochaines élections devraient avoir lieu en mars 2021, puis en mars 2027, en mars 2033… mais une crise inédite et une autre élection d’ampleur bouleverseront le calendrier[b].

Le canton, nouvelle définition

Avant l’organisation des élections départementales, il a fallu également modifier la définition du canton. Celui-ci est désormais une division électorale, comme l’est la circonscription législative, et non plus une division administrative comme le sont toujours la commune, l’arrondissement, le département et la région. Les nouveaux cantons s’affranchissent des limites des arrondissements, ce qui peut donner lieu à des situations étranges.

Le nombre de cantons dans un département devra être impair, et atteindre un minimum selon la population du département (au recensement de 2010) (article 4). Si, dans l’Allier (environ 342 908 habitants) il doit y avoir un minimum de treize cantons, il y en aura finalement dix-neuf.

Les nouvelles limites des cantons sont définies par décrets en février et mars 2014. Pour l'Allier, le décret no 2014-265 du 27 février 2014 (JORF du 1er mars) en comptera 19. On découvre que Montluçon sera divisée en quatre cantons, Moulins deux et Vichy deux. En revanche, le canton de Cusset est un canton unique.

C’est oublier que certains cantons, dont on ignorait leur existence, ont même refait leur apparition sous une autre forme. Il en est ainsi du canton de Cusset, qui a bel et bien existé, de 1793 à 1985, avant d’être scindé en deux : le canton de Cusset-Nord et celui de Cusset-Sud, comprenant chacun une fraction communale de Cusset plus quelques communes. Quant aux deux cantons vichyssois, ils ont été créés en 1973 (Vichy-Nord et Vichy-Sud), avant d’être modifiés en 1985 ; en 2015, les cantons de Vichy-1 et Vichy-2 rajoutent quelques communes à ces deux fractions cantonales, sans toucher au périmètre de ces cantons à l’intérieur de Vichy.

La nomenclature des fractions cantonales est désormais unique : fini les divisions avec une orientation géographique, celles-ci sont suivies systématiquement d’un chiffre. Cela ne permet plus de distinguer la partie nord ou la partie sud d’une commune (exemple dans l’Allier : Vichy-Nord et Vichy-Sud, mais Moulins-Ouest et Moulins-Sud ; Montluçon avait cinq cantons avec une orientation clairement identifiable, et il existait même le canton de Domérat-Montluçon-Nord-Ouest). Aujourd’hui, comment savoir la répartition des quatre nouveaux cantons de Montluçon ?

Celle des noms des cantons reprend, dans la plupart des cas, le nom de la commune la plus peuplée, mais pas forcément les noms des (ex-)chefs-lieux. Dans certains départements, les noms de cantons ne reprennent pas les noms des chefs-lieux de canton, renommés bureaux centralisateurs de canton. S’il n’existe aucun cas particulier dans l’Allier, de tels noms affluent ailleurs. Ainsi, dans le Puy-de-Dôme, il existe un canton du Sancy, dont le bureau centralisateur est situé à La Bourboule. Et en Haute-Loire, des cantons s’appellent Pays de Lafayette, Emblavez-et-Meygal, ou encore Plateau du Haut-Velay granitique, qui mettent plus l’accent sur un territoire plutôt que sur une commune donnée (qui reprend le nom du bureau centralisateur).

En revanche, on voit un peu plus de logique concernant les noms des cantons par rapport à la principale commune. Si, de toute évidence, les cantons de Gannat, Lapalisse et Saint-Pourçain-sur-Sioule, pour citer trois exemples dans l’Allier, ont eu pour chef-lieu les trois communes les plus peuplées et ont donc pour bureau centralisateur ces trois mêmes communes, le décret de 2014 crée un canton de Bellerive-sur-Allier qui reprend, à quelques exceptions près, le périmètre de l’ancien canton d’Escurolles, une commune plus de dix fois moins peuplée !

Nouveaux cantons, nouvelles aberrations ?

Le redécoupage cantonal de 2014 est censé mettre fin à une inégalité dans les populations. Aussi, constatait-on dans les départements des écarts de populations allant de un à vingt (car, oui, il a existé des cantons d’à peine un millier d’habitants), la nouvelle disposition est censée se rapprocher de la moyenne départementale (popdép/nbcantons ± 20 % pour la population de chaque canton). Dans l Allier, chaque canton aura une population de 18 048 habitants avec une tolérance de 20 %.

Avant le redécoupage de 2014, l’Allier comptait 35 cantons. Chaque canton était rattaché à un arrondissement : il y avait 12 cantons pour l’arrondissement de Montluçon, 12 pour Moulins et 11 pour Vichy[c].

Les nouveaux cantons s’affranchissent des limites des arrondissements ou des circonscriptions législatives. Le redécoupage des cantons s’effectue sur des bases démographiques, avec une continuité territoriale et une inclusion des communes de moins de 3 500 habitants dans un même canton. En ne faisant référence, ni aux limites des arrondissements, ni à celles des circonscriptions législatives, on peut désormais tomber sur des cas atypiques de cantons comprenant des communes faisant partie d’un autre arrondissement ou d’une autre circonscription législative.

Mais ce redécoupage, en privilégiant le critère démographique, crée parfois des aberrations géographiques. Si Abrest et Saint-Yorre sont logiquement rattachées au canton de Vichy-2, on peut légitimement se demander pourquoi rattacher au canton de Lapalisse les communes du Vernet, de Busset et de Mariol, qui sont pourtant plus proches de Vichy que de Lapalisse (ce choix semble moins remis en cause dans les communes de la montagne bourbonnaise).

On notera également que certains cantons sont à cheval sur plusieurs arrondissements. Cinq des dix-neuf cantons de l’Allier comprennent des communes situées dans au moins deux des trois arrondissements, tels que Gannat et Moulins-2.

Et on n’oublie évidemment pas les circonscriptions législatives, qui sont l’autre découpage électoral… dont les limites des nouveaux cantons s’affranchissent aussi ! Le redécoupage des circonscriptions législatives, entré en vigueur en 2010 et applicable à partir des élections législatives de 2012, a vu notamment la réduction du nombre de circonscriptions de 4 à 3 dans l’Allier. Le choix le plus aberrant concerne le canton de Varennes-sur-Allier, rattaché à la première circonscription (celle de Moulins), et plus particulièrement la situation de la commune de Saint-Germain-des-Fossés, dont les électeurs se retrouvent à voter pour des conseillers départementaux à Vichy-1 et un député… de la circonscription de Moulins !

Les résultats

Les premières élections départementales vont marquer un tournant dans l’histoire politique du département de l’Allier. Le département, le seul de province (l’autre étant le Val-de-Marne) à être dirigé par l’extrême-gauche (Jean-Paul Dufrègne, PCF, par ailleurs conseiller général du canton de Souvigny), bascule à droite, grâce à une courte majorité (20 sièges sur les 38).

Le 2 avril 2015, c’est Gérard Dériot (UMP), conseiller départemental du canton de Bourbon-l’Archambault, qui est nommé président du conseil départemental de l’Allier. Quant à Jean-Paul Dufrègne, il est toujours élu conseiller départemental dans le même canton de Souvigny (et a même été élu député de la première circonscription entre 2017 et 2022).

Et pendant ce temps…

Politique

  • François Hollande était président de la République ; Emmanuel Macron était alors ministre de l’Économie dans le gouvernement Valls ;
  • René Souchon présidait la région Auvergne (depuis 2006) et le projet de fusion avec Rhône-Alpes s’est concrétisé quelques mois plus tard 
  • Claude Malhuret était maire de Vichy (depuis 1989, soit 26 ans) : il en était à son cinquième (et dernier) mandat, tandis que Frédéric Aguilera, le maire actuel (depuis 2017), était adjoint à l’urbanisme (il est par ailleurs élu conseiller départemental du canton de Vichy-2 avec Évelyne Voitellier).
  • Jean-Sébastien Laloy, maire de Cusset depuis un an (qui a permis de basculer la deuxième ville de l’agglomération vichyssoise de l’extrême-gauche à la droite, tout comme l’Allier à la suite des élections départementales) est élu conseiller départemental du canton de Cusset (avec Annie Corne).

Dans les autres domaines

  • La ville de Vichy venait de rendre gratuites les toilettes publiques. Une nouvelle sanisette était projetée pour remplacer les toilettes souterraines du parvis de l’église Saint-Louis, fermées définitivement en janvier 2013. Cette nouvelle installation ouvre en juillet 2015.
  • La ville de Cusset instaurait, quant à elle, les comités de quartier, au nombre de huit, afin d’améliorer les relations entre les habitants et les élus.
  • Côté transports, le désenclavement de l’agglomération se poursuit. Le boulevard urbain est partiellement ouvert ; l’autoroute A 719 est ouverte depuis plus de deux mois et les travaux du contournement sud-ouest de Vichy se poursuivent, certes avec du retard, avec une ouverture prévue début 2016.
  • En gare de Vichy, qui ne connaît la traction électrique que sur les trains Intercités et quelques trains de marchandises, la filiale Gares et Connexions modernisait l’information voyageurs en remplaçant le grand tableau des départs par trois écrans nouvelle génération. Ceux-ci sont remplacés début 2021. En revanche, l’ascenseur du quai des voies B et C se fait attendre (livraison effective en 2017).

Sources : voir aussi les articles de Wikipédia concernant les élections départementales, celles de 2015 en France et dans l’Allier.

  1. Le 29 mars 2015 était le dernier dimanche de mars, jour où l’on passe à l’heure d’été.
  2. Les deuxièmes élections départementales, qui devaient avoir lieu en mars 2021, sont reportées en juin 2021 en raison de la crise sanitaire liée à la pandémie de COVID-19 ; quant à l’échéance de 2027, elle est repoussée à 2028 en raison de la prochaine élection présidentielle (sauf démission surprise).
  3. Les onze cantons de l’arrondissement de Vichy sont, en plus des fractions cantonales Nord et Sud des cantons de Vichy et Cusset : Le Donjon, Escurolles, Gannat, Jaligny-sur-Besbre, Lapalisse, Le Mayet-de-Montagne et Varennes-sur-Allier.

dimanche 9 mars 2025

Dans le rétro : 9 mars 2016, j’assiste au départ d’une étape du Paris-Nice… pour rien

Le 9 mars 2016, j’ai assisté au départ de la troisième étape du Paris-Nice, parti trois jours plus tôt de Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines) pour arriver à Nice quatre jours plus tard. Mais cet événement sportif a été gâché par l’annonce de l’annulation de l’étape en raison… des conditions climatiques défavorables dans le Beaujolais.

C’était sans doute la première fois que j’assistais au départ d’une étape d’une course cycliste reconnue au niveau national. Il y avait, certes, le Tour de France, où j’avais pu regarder brièvement le passage des coureurs lors de la 19e étape Roanne – Montluçon, le 25 juillet 2008, en étant posté sur la rue du Général-Raynal (D 906B)[a] présentant un profil descendant. Et puis le passage très bref à Cusset dans l’édition précédente du Paris-Nice (étape entre Varennes-sur-Allier et le col de la Croix de Chaubouret, dans le massif du Pilat).

Une étape… sans vainqueur

Ce 9 mars 2016 était d’abord un événement pour la ville qui accueillait pour la première fois le départ de cette étape de 168 km qui devait emmener les coureurs dans le Beaujolais. Il y avait une ambiance bien particulière avant le départ, et notamment sur cette chaussée quasi-neuve du cours Arloing — rénovée quelques mois plus tôt par le département — avec les autocars des équipes. Sur cette voie, il était évident que les transports scolaires étaient perturbés (on était, certes, un mercredi).

Cours Arloing fermé à cause du Paris-Nice 2016-03-09
Le départ fictif de cette étape a lieu sur le cours Arloing. L’ensemble de la route, qui a été rénovée l’année précédente, est barrée pour l’occasion.
Cyclistes du Paris-Nice 2016 avant le départ (Cusset) 2016-03-09
Juste avant le départ.
Cyclistes attaquant la montée de la D 906B (Rue du Général Raynal, Cusset) 2016-03-09
13 h 09 : la course peut commencer.

Au classement général, après l’étape précédente, Michael Matthews était en tête du classement (et par points), Ion Izagirre au classement de la montagne et l’équipe Movistar au classement par équipes. Le premier cycliste français au classement général est Tony Gallopin (Lotto-Fix ALL), en 8e :position, à 51 secondes du vainqueur Geraint Thomas (GBR, Sky) qui termine la course en 27 heures 26 minutes et 40 secondes. Le deuxième Français, un Auvergnat, Romain Bardet (AG2R La Mondiale), finit neuvième, à une minute du vainqueur[1].

Les occasions suivantes

Après 2016, le Paris-Nice passera à quatre reprises dans le sud-est du département de l’Allier.

En 2019, la quatrième étape de la course est partie de Vichy pour la direction de Pélussin. Première étape vallonnée de 210,5 km, le départ réel a lieu à Cusset et emprunte notamment la côte de Cheval-Rigon[b]. L’étape est remportée par le Danois Magnus Cort Nielsen (Astana) ; Lilian Calmejane (Direct Énergie) est le premier Français. Au classement général, le Néerlandais Dylan Groenewegen (Jumbo-Visma) perd la première place (mais reste en tête du classement par points) au profit de Michał Kwiatkowski (Sky). L’Auvergnat Romain Bardet (AG2R La Mondiale) est le premier Français à l’issue de cette édition du Paris-Nice, terminant en cinquième position à 1 minute et 45 secondes du vainqueur, le Colombien Egan Bernal (Sky, 29 h 17 min 2 s)[2].

L’année suivante, alors que l’inquiétude pèse sur le plan sanitaire, la cinquième étape, partie de Gannat pour La Côte-Saint-André (227 km, la plus longue), emprunte le pont de Saint-Yorre[c] et attaque la montagne bourbonnaise par la côte de Busset[d]. L’étape est remportée par l’Italien Niccolò Bonifazio (Total Direct Énergie) (premier Français Nacer Bouhanni, équipe Arkéa-Samsic) ; au classement général, l’Allemand Maximilian Schachmann (Bora-Hansgrohe) est en tête (pas de Français dans le top 10)[3].

En 2023, la quatrième étape (moyenne montagne, 164,7 km) part de Saint-Amand-Montrond et termine à La Loge des Gardes pour la première fois. Dans l’agglomération de Vichy, elle emprunte une partie de l’avenue Poincaré rénovée pour l’ascension de la côte du Vernet[e]. L’ascension finale dans la station de ski de l’Allier est classée en première catégorie. Le Slovène Tadej Pogačar (UAE Team Emirates) termine la course en tête (4 h 1 min 17 s) et s’empare du maillot jaune (et du maillot blanc du melleur jeune) qu’il conservera jusqu’à la fin de la course, mais aussi du maillot vert[4].

2025, une étape 100 % Vichy Communauté… ou presque

En 2025, la quatrième étape de la course part de Vichy (comme en 2019) avec un départ fictif rue Georges-Clemenceau. Elle passe deux fois à Cusset (départ réel aux Grivats) avant de faire deux détours en montagne bourbonnaise. Ce sera une double occasion pour Cusset qui verra passer deux fois l’étape, qui se termine pour la deuxième fois (après 2023) à La Loge des Gardes. Mais ce sera sans Romain Bardet, qui a déclaré forfait pour cette édition (toutefois, Julian Alaphilippe et Rémi Cavagna y participent parmi les cyclistes auvergnats).

100 % Vichy Communauté, pas tout à fait : le tracé de l’étape passe par la côte de la Bruyère (3e catégorie), qui se situe sur les territoires communaux de Saint-Christophe-en-Bourbonnais et de Saint-Étienne-de-Vicq, qui font partie de la communauté de communes du Pays de Lapalisse. Et il y a aussi une toute petite incrustation dans le département voisin de la Loire.


Photographies personnelles (datées du 9 mars 2016) : Wikimedia Commons/Tabl-trai, licence CC-BY-SA 3.0. Les contenus de Wikipédia qui ont servi comme source sont soumis à la licence CC-BY-SA 4.0.

  1. Le département de l’Allier avait refait la chaussée de la route en juin 2008 ; était-ce justement pour cette occasion ? Elle fera de même sur le cours Arloing en juillet 2015.
  2. Cheval-Rigon est un lieu-dit de la commune de Ferrières-sur-Sichon ; la côte est classée en 3e catégorie (ascension depuis Arronnes par la D 995, 5,7 km à 3,9 %).
  3. Le pont de Saint-Yorre (qui n’est plus le seul depuis l’ouverture du pont du contournement sud-ouest de Vichy sur l’Allier en 2016) n’était pas encore rénové et baptisé pont des Sources. Il est également emprunté, sur la partie vélo, par une course de triathlon longue distance.
  4. Première fois que la côte est empruntée par le Paris-Nice ; il s’agit de l’ascension vers le bourg de Busset depuis Saint-Yorre par la D 121 (3,4 km à 5,9 %).
  5. Ascension de la côte du Vernet depuis l’avenue Poincaré (D 906E) à Vichy, puis à Abrest une partie des avenues de Vichy (D 906E) et de Cusset (D 126), puis à nouveau à Vichy par la rue de la Cascade (D 126) et la rue de la Côte-Saint-Amand (D 270). Cette dernière section, ainsi que toute la montée vers Le Vernet, est en cours de rénovation en 2025 pour la création… d’une piste cyclable. Quelques kilomètres en amont, le peloton a emprunté la D 6 entre Charmeil et Bellerive-sur-Allier, avant d’entrer à Vichy par le pont de l’Europe, et ce alors que, quelques semaines plus tard, la communauté d’agglomération a décidé de créer une piste cyclable sur cette section de route la plus fréquentée du département de l’Allier.
  1. Article Paris-Nice 2016 de Wikipédia en français (auteurs)
  2. Article Paris-Nice 2019 de Wikipédia en français (auteurs)
  3. Article Paris-Nice 2020 de Wikipédia en français (auteurs)
  4. Article Paris-Nice 2023 de Wikipédia en français (auteurs)