mercredi 10 janvier 2024

Rétrospective : 10 janvier 2014, l’exploit de rater la plus simple épreuve à l’université

Le 10 janvier 2014, soit il y a 10 ans, des examens de fin de semestre étaient organisés à l’université Blaise-Pascal de Clermont-Ferrand. J’étais alors scolarisé en deuxième année de licence de géographie. L’une des six unités d’enseignement était consacrée à l’aménagement des territoires en France et en Europe, et les modalités de contrôle des connaissances prévoyaient… un QCM. Un barème pénalisant me contraindra de passer en deuxième session, en juin 2014, avec un oral.

Mon année universitaire 2013-2014 (promotion 2015 de la licence) était la troisième passée à l’université Blaise-Pascal de Clermont-Ferrand, après une première année redoublée — qui a eu du succès (moyenne de 10,74/20 contre 8,70/20 en 2011-2012 après la 2e session) — marquée par l’application de l'arrêté licence de 2011 modifiant le programme par rapport à l’année précédente (qui comprend des enseignements ouverts aux non-spécialistes, dispensés par le département d’histoire).

La deuxième année de licence de géographie : ce n’est plus que de la géographie

La deuxième année de licence de géographie à l’université Blaise-Pascal, à Clermont-Ferrand, année universitaire 2013-2014 (promotion 2015 de la licence), proposait un éventail de disciplines plus poussées et, cette fois-ci, uniquement de la géographie, sans restreindre toutefois ses matières aux géographes[a], puisque deux unités d'enseignement (UE) sont ouvertes aux historiens[b].

Douze unités d’enseignement, six par semestre

L’année universitaire 2013-2014 est composée de douze unités d’enseignement, six par semestre. Dans cet article, nous nous intéressons uniquement au premier semestre.

Le programme est composé des six UE suivantes :

Code et intitulé UE (nombre d’heures par semaine) Contrôle
UE ouvertes aux historiens
UE 30 Analyser l’espace des sociétés (CM 2h, TD 2h) écrit 2h
UE 33 Aménagement des territoires en France et en Europe (CM 1h30, TD 1h30) QCM
UE spécifiques au département de géographie
UE 31 Traitement de l’information géographique niveau 2 (TD 2h) continu
UE 32 Biogéographie (CM 1h30, TD 1h30) écrit 2h
UE de parcours
UE 34 Paysages (CM 2h) écrit 2h
UE 35 Systèmes d’acteurs (CM 2h) écrit 2h

Contrôle = Modalités de contrôle des connaissances : les épreuves (hors UE 31) sont disputées pendant les deux semaines suivant les vacances de Noël (semaines des 6 et 13 janvier 2014).

L’UE 33 « Aménagement des territoires en France et en Europe »

La maquette de présentation de l’université indique : « [L’unité d’enseignement] a pour objectif de présenter les grandes étapes de l’aménagement du territoire en France et le rôle de l’Union européenne dans cet aménagement », avec la présentation de l’histoire de l’aménagement du territoire jusqu’à « une politique plus locale mobilisant une plus grande diversité d’acteurs, d’un aménagement du territoire à un aménagement des territoires », avec les dynamiques d’élargissement de l’Union européenne et les dynamiques d’intégration.

  • Premiers plans : Monnet 1947-1953, 1954-1957 et 1958-1962
  • Organisation politique et administrative : régionalisation de la France, politiques régionales, lois de décentralisation
  • Intercommunalité : communautés de communes, d’agglomération et urbaines
  • L’âge d’or de l’aménagement du territoire : politique foncière, urbaine, tourisme et transports

Les travaux dirigés, dispensés le mercredi matin, sont l’approfondissement des cours magistraux. Thématiques étudiées : villes nouvelles, aménagement du littoral en Languedoc-Roussillon, sports d’hiver, requalification urbaine, aménagement du territoire et transports terrestres, zones industrialo-portuaires, quartiers résidentiels, débat sur le Grand Paris.

L’épreuve : très simple, mais complètement ratée

Un écrit de deux heures qui est… un QCM

Le partiel[c] se déroule le vendredi 10 janvier 2014 après-midi. Les étudiants le passent normalement à partir de 14 h 30, pour terminer à 16 h 30, mais moi, ayant un handicap et bénéficiant du tiers-temps[d], débuterai avec une heure d’avance pour terminer avant les autres. Enfin, théoriquement, car le contenu de l’épreuve était… un questionnaire à choix multiples.

Ce QCM (dont je ne dispose pas du sujet, car il devait être rendu avec une copie vide) consiste à répondre à des questions (soit 20 soit 40, je ne me rappelle plus) sur diverses notions de l’aménagement du territoire. Il suffisait à l’étudiant de cocher une ou plusieurs cases, sans avoir besoin de justifier sa réponse. Le barème était contraignant pour s’assurer d’avoir une note convenable, car si une bonne réponse valait un point, une mauvaise réponse entraînait un retrait d’un quart de point (ou cocher au moins une mauvaise case si plusieurs réponses sont possibles), ce qui est plus pénalisant que l’absence de réponse qui ne faisait perdre aucun point. En clair, si on ne connaît pas la réponse, il valait mieux s’abstenir.

Des étudiants m’avaient assuré avoir terminé l’épreuve au bout de… vingt minutes. Moi, j’aurai mis à peu près une heure.

Un examen raté… qui me fera passer au rattrapage

Les résultats des épreuves ne sont connus qu’un mois et demi après, alors que les étudiants enchaînent les cours du deuxième semestre.

Le semestre 3 est acquis si la somme des points est supérieure à 60 sur 120, ce qui ne sera pas le cas pour moi. Si j’ai réussi à valider les UE 31 avec 15/20 et 35 avec un maigre 10/20, il n’en va pas de même pour les UE 30 (8/20), 32 (8,75/20) et 34 (7/20). Quant à l’UE 33, c’est la note de 7,375/20 que j’obtiendrai, moyenne de la moyenne de deux contrôles en TD et du QCM, où je n’obtiendrai que… 3 sur 20.

Décomposition de la note de l’UE 33
Notes obtenues en travaux dirigés Note du partiel
12,5/20 (20/11/13) 11/20 (18/12/13) 3/20 (10/01/14)
Moyenne des TD : 11,75/20
Moyenne UE 33, 1re session : 7,375/20
Cette UE est non acquise

La validation d’une unité d’enseignement permet à l’étudiant d’acquérir cinq crédits ECTS[e]. À l’issue des partiels du semestre 3, première session, j’aurai accumulé 10 crédits (en plus des 60 crédits de la première année de licence).

Avec une note de 117,624/240 (doit 9,802/20), le semestre n’est pas validé.

Le rattrapage n’aura permis que de valider l’UE 33

En cas d’échec à une matière, et sous réserve que la compensation annuelle ne valide pas l’année avec une note supérieure à 120 sur 240 (soit 10 sur 20), ce qui m’arrivera plus tard en troisième année de licence, une possibilité s’offre à l’étudiant de passer les examens de deuxième session, dans le but d’améliorer la note. Mais l’université stipule que seule la note de deuxième session est prise en compte, ce qui m’a pénalisé.

Au deuxième semestre, j’aurai 61,5/120 (soit 10,25/20), ce qui m’a permis la validation du semestre 4, m’ouvrant l’accès à la troisième année de licence en « admis conditionnel »[f], mais qui ne suffira pas à valider l’année pour 2,4 points.

Au rattrapage, dont les épreuves ont eu lieu mi-juin 2014, j’aurai échoué à valider les UE 30, 32 et 34 avec une note qui s’est soit améliorée (de 7 à 9/20 pour l’UE 34) soit dégradée (de 8,75 à 7/20 pour l’UE 32 et de 8 à 4/20 pour l’UE 30).

En revanche, pour l’UE 33, c’est un oral qui m’a été proposé pour tenter de valider le semestre 3 et l’année. L’oral revient sur une notion évoquée en cours magistral ou une séance de travaux dirigés. J’obtiendrai la note de 11 sur 20, qui validera l’UE 33, mais qui ne suffira malheureusement pas à valider l’année, avec une note de 118,5/240 (soit 9,875/20).

Si j’avais fait mieux, et pire, si la règle du max — qui permet de conserver la meilleure note de l’une des deux sessions, et défendue par un syndicat étudiant — était appliquée, j’aurais pu obtenir la note de 61,75/120 au lieu de 57 et valider les UE 30 et 32 par compensation semestrielle. Mais en 2014-2015, j’échouerai à améliorer ces notes par deux fois (inscrit alors en régime spécial). En 2015-2016, je repasserai, en tant qu’étudiant assidu, sur les trois UE non validées, et réussirai enfin à valider le semestre 3, donc la deuxième année (après la troisième année), et à obtenir la licence sur… quatre ans et demi.


  1. Les géographes sont les étudiants inscrits en licence (ou en master) de géographie.
  2. Les historiens sont les étudiants inscrits en licence (ou en master) d’histoire, qui ont des cours d’histoire ancienne, médiévale, moderne et contemporaine, ainsi que des UE spécialement réservées aux historiens.
  3. Nom communément donné aux examens de fin de semestre, quel que soit le semestre ou la session.
  4. Cet aménagement, réservé aux personnes en situation de handicap, permet aux étudiants de composer avec une majoration de temps d’un tiers. Par exemple, pour une épreuve de deux heures, celle-ci est majorée de quarante minutes : il bénéficie de plus de temps pour construire son devoir, en 2 h 40. L’examen a lieu dans une salle séparée, et ne tient pas compte de la salle affichée et communiquée par le service des examens. Plus de détails sur le site monparcourshandicap.gouv.fr : « Quels sont les aménagements possibles pour les concours et examens ? »
  5. European Credit Transfer (and Accumulation) System, système européen de transfert (et d’accumulation) de crédits. Une unité d’enseignement vaut 5 crédits, un semestre 30, une année 60, la licence 180, le master 300, le doctorat 480. Voir aussi l’article de Wikipédia sur ce sujet.
  6. Les règles d’admission conditionnelle ne s’appliquent qu’en licence et permettent à un étudiant en licence 2 de s’inscrire en licence 3 sous réserve d’avoir validé 90 crédits (les 60 de la 1re année + 30 de la 2e année).

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