dimanche 7 janvier 2024

On se souvient de ce que l’on faisait le 7 janvier 2015 : un événement grave, pendant que j’étais en examen.

Le 7 janvier 2015, c’était le premier mercredi de l’année. Les élèves étaient rentrés de vacances depuis deux jours, et moi, à l’université, je commençais les examens de fin de semestre (les partiels). Mais vers 11 h 30, un événement grave — dont je n’apprendrai que tardivement — va bousculer la vie des Français.

Ce 7 janvier 2015, nous étions le premier mercredi de l’année. La semaine précédente, on préparait le passage à la nouvelle année (nous étions alors le 31 décembre 2014). C’était le premier jour des soldes, un marronnier (événement récurrent relaté par les médias) qui sera très vite perturbé par une tragédie.

Au même moment, pendant que survenait ce qu’on appelle un attentat, je faisais un examen de fin de semestre en géographie. D’une durée normale de trois heures (mais allongée d’un tiers à la suite de mesures particulières liées à mon handicap), je n’apprendrai l’événement qu’en début d’après-midi sur une radio locale.

Pour plus d’informations, on pourra se référer à l’article de l’encyclopédie libre Wikipédia sur l’attentat contre Charlie Hebdo.

L’événement national : l’horreur à Paris…

C’est pendant que je terminais mon examen que l’horreur se produit. À 11 h 30, des terroristes vont tuer des journalistes de l’hebdomadaire satirique Charlie Hebdo (dont Cabu, Charb, Tignous, Wolinski, ou Michel Renaud, fondateur du festival Rendez-vous du carnet de voyage à Clermont-Ferrand), le matin même de la publication du numéro 1177 alors que ceux-ci étaient en conférence de rédaction.

Les journaux télévisés devaient parler des soldes, qui commençaient ce jour partout en France (hors exceptions locales), mais ils ont dû bouleverser leur programmation pour se consacrer exclusivement à l’attentat. En Auvergne, les informations régionales se limitaient à un accident à Bègues et à une intoxication dans un lycée du Cantal, dans un flash diffusé à 17 h 05 (le dernier de la journée sur la radio France Bleu Pays d’Auvergne).

…et pendant ce temps, j’étais concentré sur mon examen

Trois heures de dissertation (quatre même)

Au même moment, l’université Blaise-Pascal de Clermont-Ferrand (où j’étais inscrit, aussi bien en 3e année de licence en suivant ces cours[a] qu’en 2e année[b]) organisait, les semaines des 5 et 12 janvier 2015, les épreuves de fin de semestre, appelées communément les « partiels », et qui se déroulent juste après les vacances de Noël. Après avoir disputé aussi bien les épreuves de 3e et de 2e année, qui ne rentraient pas en conflit, l’épreuve du 7 janvier 2015 matin (qui commençait à 8 h, ce qui m’imposait de prendre un train plus tôt[c]) était celle de l’histoire et de l’épistémologie de la géographie, une des cinq épreuves de cette session d’examens.

Ce partiel était le troisième des cinq de cette session[d]. Il s’agissait d’une dissertation répondant à la question :

« La géographie, science des lieux, des paysages, de l’espace, du territoire ? »

Le cours d’histoire et d’épistémologie de la géographie (dispensé par le département de géographie de l’université et ouvert aussi aux étudiants de licence d’histoire) se composait de neuf chapitres :

  1. la sociologie des sciences ;
  2. de la scientificité des sciences humaines ;
  3. pourquoi faire une histoire de la géographie ;
  4. l’histoire de la géographie du XIXe siècle jusqu’à Vidal de la Blache ;
  5. l’histoire de la notion de région ;
  6. la géographie physique ;
  7. la notion d’aménagement du territoire ;
  8. de la combinaison à l’analyse systémique ;
  9. la géographie humaine et la post-modernité.

J’obtiendrai, un mois et demi après l’examen, la note de 8/20, pour une moyenne semestrielle de 9,8/20 qui ne permettra pas de valider le semestre, mais la moyenne annuelle de 10,64/20, qui valide l’année, me dispensera de la deuxième session pour cette année. Mais pas pour la deuxième année de licence, où les notes seront moins bonnes, et dont j’échouerai à valider cette année (ce qui me vaudra un redoublement).

Je n’apprendrai l’événement qu’à… 15 heures

À l’époque, pas d’Internet ni de réseaux sociaux pour être tenu au courant. Mon téléphone (un BlackBerry Curve 8520) et mon forfait ne me permettaient pas de naviguer sur Internet, pas même en 3G (et encore moins la 4G). Et je ne pouvais accéder à Internet ; c’est sur une radio locale que j’apprendrai l’horreur.

J’aurai pu apprendre plus tôt cet événement, si j’avais un forfait et un téléphone compatible avec au moins la 3G. Mais ma priorité était les révisions pour l’examen du lendemain sur la France.

Les chaînes de télévision ont bousculé leurs programmes et ajouté un bandeau noir comme à chaque événement tragique. Et le lendemain, la presse parlera exclusivement de cet attentat. La Montagne titrait « La presse assassinée » ; L’Équipe : « Liberté 0 - Barbarie 12 ».

Le lendemain, en attendant le train de 6 h 37 qui a été annoncé supprimé pour cause de panne, avec report sur le train de 7 h 02 (qui desservira la quasi-intégralité des gares jusqu’à Brioude, et sans renfort de capacité, avec un train plus que surchargé), ce qui ne m’empêchera pas de commencer l’examen à l’heure, à huit heures précises.

Vu le contexte, il était sans doute déjà mal venu de continuer à se souhaiter la bonne année.


  1. C’est grâce à l’application d’une demande de régime spécial, approuvée par l’université en raison de mon handicap, que j’ai pu suivre les cours de troisième année au détriment de la deuxième année, où trois unités d’enseignement n’ont pu être validées au cours de l’année universitaire 2013-2014.
  2. L’université privilégie de suivre les cours de deuxième année au détriment de la troisième année.
  3. Le train de 7 h 02, partant de Vichy moins d’une heure avant le début de l’épreuve (compter un quart d’heure de plus de marche entre la gare et la faculté de lettres) étant un peu juste, j’ai dû emprunter le train précédent partant à 6 h 37 ce 7 janvier 2015. Mais le lendemain, ce train est supprimé en raison d’une panne ce qui m’oblige à prendre le train suivant (plus de détails ci-dessus).
  4. Les autres examens étant (pas toujours dans l’ordre chronologique) :
    • UE 30 Analyser l’espace des sociétés (3e tentative),
    • UE 32 Biogéographie (3e tentative),
    • UE 34 Paysages (3e tentative),
    • UE 51 La France (8 janvier 2015).

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